Présentation
Les textes, interventions ouvrages, répertoriés sur ce site concernent deux disciplines affines : la psychanalyse structurale et l’ethnologie structurale des sociétés développées.
Psychanalyse Structurale
La psychanalyse structurale s’inscrit à la fois en continuité mais aussi en rupture — « continuité asymptotique » selon mes termes — avec les élaborations antécédentes de Freud, de Klein et de Lacan. Et de quelques autres. En particulier elle s’articule à la linguistique structurale jakobsonienne et à l’ethnologie structurale lévi-straussienne :
La rupture a une cause épistémologique. Elle s’avère de la reconnaissance que toutes les élaborations psychanalytiques depuis Freud, y compris celles de Lacan, s’édifient à partir d’une aporie évidente, incontestable et sue par tous : l’édifice psychanalytique se fonde non pas sur une prétendue coupure épistémologique engendrée par « l’invention de l’inconscient », mais sur un mythe énergétique : la pulsion sexuelle ou libidinale. Pulsion que Freud présente comme « concept limite d’avec le biologique ». Il l’imagine comme une énergie « mesurable », c’est-à-dire quantifiable. A partir de quoi il postule l’existence d’un appareil psychique qui serait un régulateur des effets de conflits que cette énergie pulsionnelle ne manque pas de provoquer dans son rapport au monde et aux autres. Il conçoit que cette régulation s’opère à travers 3 registres, conscient, préconscient, inconscient et essentiellement au travers de 3 instances, Moi, Surmoi, Idéal du Moi. Pour intéressante que soi cette métapsychologie en ce qu’elle est systémique, elle n’en n’est pas moins fausse parce que structurée à partir d’une prémisse fausse. Freud à la fin de sa carrière le savait puisqu’au détour d’une phrase, dans les Nouvelles Conférences, il avoue que les pulsions sont des « mythes merveilleux » auxquels il enjoint aux psychanalystes de continuer à croire. Injonction à croire en une mythologie d’autant plus que ces élaborations font appel, par ailleurs, à de véritables mythologies indo européennes pour expliquer les dérèglements psychiques. En particulier celle d’Œdipe et dans ses versions pseudo ethnologiques celle de la horde primitive pour fonder l’interdit de l’inceste. Dés lors il faut conclure que les psychanalystes sont des shamans modernes.
Continuité d’abord parce que Freud invente et constitue une discipline nouvelle, entre la psychiatrie et la psychologie, en promouvant les concepts de métapsychologie et d’appareil psychique. De fait, s’il y a coupure épistémologique dans l’œuvre de Freud, elle est dans ces deux ruptures. On peut, dans cette perspective, considérer, quoique le modèle énergétique dont il s’est servi soit erroné, que ces deux postulats sont valides si tant est qu’on les modélise à partir d’autres prémisses et d’autres « principe » que celui du plaisir.
Continuité encore puisque Lacan en 1956 dans Fonction et Champ du langage et de la parole fait apparaitre d’autres prémisses à partir desquels on pourrait constituer une nouvelle métapsychologie et un nouveau modèle de l’appareil psychique. Dans cette intervention, il évoque de manière si ce n’est allusive mais intuitive que le langage et la réalité psychique sont indissolublement liés. A la suite de quoi il énoncera que « l’inconscient est structuré comme un langage » en le référent à la concaténation des signifiants. Signifiant dont il subvertira la position dans l’agencement du signe saussurien. Malgré sa « linguisterie », il n’ira jamais au bout de cette intuition et ne répudiera jamais le mythe des pulsions.
L’ambition du travail, dont atteste les textes ci après, est de constituer une autre métapsychologie et un autre modèle de l’appareil psychique à partir de l’hypothèse que le langage est le véritable concept limite entre le biologique et le psychique puisqu’aussi bien le langage est une fonction neuro cérébrale. L’hypothèse se formule alors ainsi « l’appareil psychique se structure par et pour le langage ». L’appareil psychique dans cette perspective est un système de codage informationnel, des éprouvés neuro cérébraux, et communicationnel. Il s’agit donc d’inscrire la psychanalyse dans le cadre des sciences conjecturales structurales que sont la linguistiques jakobsonienne après Saussure et l’ethnologie lévi-straussienne.
Freud avait l’ambition de faire de la psychanalyse une « science naturelle » à l’instar de la physique. Si elle est une science, ce que je soutiens, elle ne peut être que conjecturelle et structurale.
L’ethnologie Structurale
En ce qui concerne l’ethnologie structurale des sociétés développées, elle s’inscrit en continuité avec celle consacrée par Lévi-Strauss aux sociétés froides (chasseurs/cueilleurs, nomades éleveurs, nomades cultivateurs). L’hypothèse est que la cohésion sociale des sociétés techniques développées, qui sont les nôtres et devenues hégémoniques se structurent et se fomentent de la même manière et surtout selon les mêmes règles que les sociétés des chasseurs cueilleurs et des sociétés nomadiques.
Les travaux, ci après, qui lui sont consacrés, tentent d’éclaircir comment nos sociétés développées, d’origine Indo-Européenne, se structurent et se transforment à partir des mêmes éléments langagiers et les mêmes processus de structuration. Etant entendu que toute société Indo-Européenne est, comme la démontré Dumézil, trifonctionnelle (guerrier, clerc, producteur) et fondée sur le mythe de « dénaturation » de l’appropriation/élimination. Mythe qui trouve sa réalisation moderne dans la théorie schumpétérienne de la destruction créative comme moteur de la production et de la consommation. Donc du développement. Il s’agit de démontrer, contre Marx et les libéraux, que l’infrastructure de nos sociétés est bel et bien la « culture » et non pas l’économie… Elle en est « l’infra culture ». Toujours silencieuse et toujours opérante.